En 2016, il y a 6 ans déjà, un rapport émis dans le cadre de la revue des dépenses, a été transmis au Parlement sur le patrimoine gigantesque possédé par les Collectivités. Il y était question de routes, de réseaux de distribution d’eau, de structures extérieures, de forêts…et bien sûr d’immobilier bâti.
Outre les économies récurrentes que les Collectivités étaient invitées à faire sur l’évolution des postes de dépenses liées à l’entretien courant (électricité, petit entretien et réparation, fournitures, assurances), le rapport incitait en même temps les Collectivités à augmenter les dépenses de réhabilitation, jugées largement insuffisantes pour assurer le maintien en l’état du patrimoine existant.
6 ans plus tard qu’en est-il ?
Pour faire face à ce défi de réhabilitation et d’optimisation du patrimoine, les Collectivités ont besoin d’en avoir une parfaite connaissance. Et bien sûr, la grande majorité d’entre elles possède aujourd’hui un inventaire.
Mais mon expérience me conduit à constater et alerter sur le fait que cet inventaire est bien souvent imprécis sur les données (surfaces réelles, descriptifs techniques, coût complet, état réel, conditions d’utilisation, historique des interventions…), que les investissements lourds à réaliser sont souvent non chiffés et non hiérarchisés, et que l’appréciation des obsolescences (techniques, fonctionnelles, énergétiques) est absente, tout comme la mesure de l’inadaptation du patrimoine aux besoins futurs, ce qui handicape la réflexion stratégique sur le patrimoine
Pour une Commune, rénover, adapter, transformer son patrimoine immobilier ancien (culturel, scolaire, sportif, cultuel, administratif associatif, privé locatif) s’inscrit dans le long terme, pour des dizaines d’années, ce qui suppose à minima de se poser de temps en temps les bonnes questions, en profondeur.
Le fléchage pertinent de ces dépenses par rapport aux besoins futurs de la Commune est une obligation (d’un point de vue quantitatif et qualitatif). Les ressources financières nécessaires aux investissements immobiliers, doivent être aussi cherchées dans des opérations d’arbitrage et l’autofinancement (ventes du patrimoine obsolète ou inutile). Le schéma directeur immobilier doit constituer une feuille de route indispensable de la gestion du patrimoine (complète, claire, partagée, transparente). Les pratiques de gestion et les outils d’aide à la décision des Elus doivent être clairs, simples, pluridisciplinaires (les DST sont parfois bien seuls face à ces exigences).
Alors oui, depuis 6 ans dans les Communes, des progrès ont été faits, la prise de conscience existe sur le poids du patrimoine immobilier, et des outils informatiques de planification budgétaire sont proposés. Mais c’est encore bien insuffisant.
Le retour sur investissement d’un accompagnement aux cotés des Elus et des équipes, pour dessiner l’avenir du patrimoine immobilier et de sa gestion est toujours rapide, tant les enjeux stratégiques, financiers et politiques sont importants !
Philippe CARROT, Président d’Archypel Patrimoines Immobiliers